C'est désormais standard, départ à 4h45 du camping de Donzy, dans la nuit … fraîche pour une fois. Une (très) légère rosée s'est même déposée. Probablement engendrée par la piscine toute proche.
Le lever du jour offre toujours le même spectacle, renouvelé sans cesse. Ce matin, c'est une chouette que nous dérangeons alors qu'elle se délecte des restes d'un petit mammifère sur le bord de la route. Ensuite, c'est l'apparition fugace d'un cerf, puis d'une biche en contrebas et enfin deux chevreuils surveillant leurs deux petits.
La féerie du lever du jour est telle que Manon s'empresse de partager l'instant au travers d'un direct sur Facebook.
Le passage à Nevers est chargé d'émotion. Manon y a vécu pour suivre ses études secondaires (lycée) et ses pensées vagabondent vers ses souvenirs, vers les personnes qui l'ont accompagnée dans sa réussite.
Le parcours serpente autour du canal de dérivation de la Loire, donc peu de déclivités à affronter et une offre de pistes cyclables généreuse. Mais celles-ci ne sont pas toujours en bon état.
Un cumul de gravillons sera d'ailleurs l'origine d'une seconde chute, quasiment à l'arrêt, pour Manon. Pas de bobo pour la jeune femme, mais une cocotte de frein sérieusement râpée.
Un petit coin à l'ombre le long du canal permet une pause ravitaillement salutaire alors que le soleil darde ardemment ses rayons brûlants.
Puis la progression reprend dans une atmosphère torride. La moto reste proche, tantôt derrière, tantôt devant, mais présente pour les ravitaillements, notamment en eau.
Sur la fin du parcours, le camping-car nous rattrape. Après avoir levé le camp de Donzy, Sylvie, Laurence et Anthony ont fait les courses nécessaires pour assurer la logistique nourriture de ce dimanche et du lendemain.
Nos deux cyclistes peuvent donc rapidement se détendre, se désaltérer, se restaurer, profiter quelques minutes de la piscine … avant de reprendre leur nuit écourtée.
Mais reprenons les termes de Manon :
Ce périple est possible grâce à la solidarité de tous. Ceux qui m'accompagnent au plus près, ceux qui restent disponibles à distance, notamment à Bazemont et vous tous qui m'encouragez.
SOLIDARITE
C'est donc la troisième raison de ce périple à évoquer ce jour, d'autant que le passage à Nevers, puis à proximité du Circuit de Magny-Cours représentent des moments forts de l'expression de cette solidarité.
Pour mes études, cet accompagnement sans faille reste un gage important de ma réussite et nous avons une forte envie de nous arrêter … mais c'est vraiment incompatible avec le projet et il y aurait trop de monde à voir.
Néanmoins, tous ces moments passés, entre autres, avec Daniel et Nathalie, cet engagement volontaire de l'équipe pédagogique du lycée Jules Renard, cette remise en confiance procurée par Cathy en gymnastique restent gravés en ma mémoire … et persistent dans ma vie actuelle.
En ce qui concerne le circuit de Magny-Cours, c'est le lieu de ma première grande sortie à moto avec "Tonton Barjot", mais aussi un endroit fréquenté à plusieurs reprises par mon petit frère Maxime, toujours avec l'oncle motard.
C'était l'occasion, pour chacun de nous deux, de découvrir que nous pouvions être acceptés AVEC notre handicap. Pour les motards, compétiteurs ou spectateurs, nous faisions partie de la famille. S'ils faisaient attention à nous, à notre jeune âge, à nos difficultés de communication, ce n'était aucunement par pitié, mais par SOLIDARITE.
Nous ne nous sentions plus exclus.
Au contraire, nous existions au milieu de tous, tout simplement …
Et c'est primordial pour un sourd qui se sent souvent rejeté, incompris (à tort ou à raison).
La SOLIDARITE est donc un facteur primordial d'une société inclusive et elle est un des fondements de mes multiples paris, de mes engagements, … et de mes réussites.
Alors, merci, mille mercis à vous tous.
SOURDE, et alors ? Impossible n'est pas sourd !
Ou
Dans le monde de la différence, du handicap, rien n'est impossible si la SOLIDARITE existe !