Lettre ouverte à :
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Ministre de l'Intérieur,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs.
Bort, le 13 juin 2011
Mesdames,Messieurs,
Par la présente, je tiens à vous soumettre quelques faits et les réflexions qui en découlent :
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Ce 19 mai, dans le 44 je suis victime d'une chute en moto, engendrée par une longue traînée d'hydrocarbure répandue sur la chaussée et je ne dois probablement mon salut qu'à de sains réflexes engendrés par une longue expérience ;
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3 jours plus tard, dans le 22, je ramasse un motard qui a la malheureuse idée d'emprunter un carrefour au moment où une "mamie" sort d'un parking. La trace d'une vingtaine de centimètres sur le sol laisse pourtant augurer d'une vitesse particulièrement faible. Bilan, un traumatisme de l'épaule ;
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Le week-end suivant, dans le 19, un motard chute dans un rond point maculé de gas-oil. 3 vertèbres cervicales fracturées, heureusement sans lésions de la moelle épinière ;
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Le week-end d'après, je suis à Marvejols (48) d'où part un groupe de motos. Peu après Mende, 4 d'entre elles ont la fâcheuse idée de s'encastrer dans une voiture … doublant un car dans une courbe. Bilan, 7 blessés dont un grave ! ! !
Dans aucun de ces 4 cas, une plaque d'immatriculation de grande taille et des bandes réfléchissantes n'auraient évité l'accident. Ce sont pourtant vos propositions sous le prétexte de la sécurité ! ! !
Certes, ces 4 cas ne sont pas une règle, mais ils semblent corroborer largement les statistiques qui annoncent que, dans 70% des cas d'accident avec moto, celle-ci n'est pas en tort. Et dans ces 4 cas, un tiers est à l'origine du choc …
Ces mesures, comme bien d'autres d'ailleurs, m'apparaissent donc comme sectaires, présentées sous de fallacieux prétextes et/ou (?) élaborées par des théoriciens sans la moindre connaissance de la réalité concrète (mais comment vous le reprocher puisque vous conduisez peu, et encore moins des motos !).
Néanmoins, je ne peux que constater que beaucoup de vos nouveaux textes sont réactionnels et politiciens alors que de nombreuses lois plus anciennes ne sont pas appliquées. Ainsi, si vous voulez réellement œuvrer pour la sécurité routière, faites déjà appliquer les règles existantes (distances de sécurité, clignotants, priorités, positionnements sur les chaussées, alcool, …).
Si vous pensez que la répression est le seul moyen d'obtenir des résultats, appliquez-la sur tous les sujets, et pas seulement lorsque le revenu de l'état (à court terme) s'en trouve conforté. Au moins vous serez cohérents et plus crédibles, à défaut d'obtenir les résultats annoncés (objectif de moins de 3000 morts sur les routes non obtenu ! N'est-ce pas un constat suffisant ? ).
Depuis des années, vous vous polarisez sur l'excès de vitesse (et non pas la vitesse excessive), ce que je ne conteste d'ailleurs pas dans le fond, avec des moyens qui génèrent des effets pervers que vous ne maitrisez pas.
Combien de personnes conduisent sans permis et donc sans assurance ?
Quel en est le coût pour la collectivité en cas d'accident ?
Et, le comble, combien de personnes que vous jugez inaptes à la conduite se retrouvent sur la route avec des engins encore plus dangereux tel que les "voiturettes", et ceci en toute légalité, puisqu' avec votre bénédiction ?
Combien de gendarmes et policiers se retrouvent de facto percepteur fiscal (ou réquisitionnés pour de pléthoriquesservices d'ordres "officiels") abandonnant ainsi leurs autres missions ? D'où les récentes manifestations marseillaises …
Ceux-ci sont plus ou moins obligés de courber l'échine (Ah ..., Vichy), mais les plus anciens s'inquiètent de l'avenir de leurs corps et des motivations pour y faire carrière !
Je ne peux que constater que vous bafouez régulièrement les principes Républicains de Liberté et d'Egalité. Par méconnaissance, par intérêt politicien, par théorie et même par une pratique des plus personnelle (cf. vos modes de rémunérations y compris, dernièrement dans vos retraites! ). Ceci n'est pas seulement vrai dans cette soi-disant politique de sécurité routière. Je retrouve aussi ces aspects dans les textes promulgués puis dédaignés lors de mes activités avec des handicapés.
Toutefois, ces attitudes devraient avoir un effet positif sur le troisième terme de nos frontons d'édifices publics : la Fraternité. J'ose espérer que dès ce 18 juin, nous serons nombreux à vous prouver que nous serrons les coudes et que, pour une fois, les tentatives de divisions seront contre-productives.
Après cette date et d'éventuelles autres formes de manifestations, il nous reste toujours les échéances électorales. Pour moi, c'est l'abstention vu le système actuel, et je rêve d'une révolution douce par un massif refus du vote vous retirant tout légitimité …
Salutations amères.
Patrice ALTAZIN