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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 15:30

Mardi matin, c'est parti pour un périple Alpin qui s'annonce sous les meilleurs auspices. Le temps est superbe sans être trop chaud, le road book est alléchant, les machines sont abreuvées, les hommes d'excellente humeur et l'objectif est motivant : retrouver Pascal avec sa petite famille aux Championnats de France de Canoë-Kayak ainsi que Patricia et sa sœur Cathy.

 

Comme l'avant veille nous partons vers Tulette et les signes positifs s'accumulent. Sur notre gauche, les dentelles de Montmirail se découpent parfaitement sur l'azur et le Ventoux est surmonté d'un impressionnant nuage blanc d'une forme elliptique parfaite (Altocumulus lenticulaire, signe de vent d'altitude au dessus de ce sommet qui porte bien son nom).

 

Le passage de Nyons s'avère décidément assez fatidique. Si l'entrée en ville se déroule normalement, la sortie est plus épique. A l'approche du pont qui enjambe l'Aygues, je m'approche d'un flat BMW des années 70 dont le pilote me fait signe de ralentir. Je n'avais pas l'intention de le doubler à cet endroit et mon allure est des plus clémente. Je comprends d'autant moins ces signes répétés que, d'habitude, les possesseurs d'anciennes sont plutôt enclin à nous favoriser le passage. A l'entrée du rond-point qui suit, il se déporte largement sur l'extérieur en me prodiguant un signe que j'interprète comme une invitation à le dépasser. A sa hauteur, je l'entend crier "gas-oil" alors que je découvre la large trainée sombre qui macule la moitié de l'arc. Nous contournons précautionneusement l'insidieux obstacle tout en prévenant Dédé qui nous suit et en remerciant chaleureusement notre ange gardien qui nous a sûrement évité, au mieux une belle frayeur et au pire une glisse incontrôlable et donc finissant à terre !

 

Nous continuons le trajet de l'avant veille, à contre sens, par Rémuzat, la Motte Chalancon et Luc en Diois. Mon ménisque récemment abîmé se rappelle à mon bon souvenir et les successions de virages deviennent vite un calvaire. Je provoque donc le premier arrêt à Luc pour un café et un antalgique. Cet itinéraire nous a été dicté par les retransmissions du dernier Tour de France cycliste et les vues du Col de Cabre (1180 m.) au bitume tout neuf. Cette route magnifique au niveau des paysages (chaos rocheux du saut de la Drôme, points de vues sur le Diois et la vallée de la Chauranne) nous a toujours offerte, jusqu'alors, un revêtement des plus piètre. Nous ne pouvions donc pas faire autrement que d'épingler ce premier col à la moisson attendue des ces prochains jours !

 

D'Aspres sur Buëch, nous partons vers le nord (N75), passons le col de la Croix Haute (1176 m.) pour ensuite emprunter la D66 vers Mens où nous faisons notre seconde pause café après notre première portion de route jonchée de gravillons d'où une certaine tension. Nous reprenons notre route vers La Mure par le col des Accarias (892 m.) puis emprunter furtivement la N85 vers Gap avant de virer à gauche pour nous enfoncer dans le Valbonnais. Nous contournons le Parc National des Écrins par l'Est pour sauter le col d'Ornon (1367 m.) et descendre sur Bourg d'Oisans. La N91 serpente calmement le long de la Romanche jusqu'à La Grave puis gravit le col du Lautaret (2058 m.).

 

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La Versys du sieur Dédé se repose au col du Lautaret après sa poursuite effrénée de la gente féminine !

 

 

 

 

 

Dans cette portion, sous un tunnel par-avalanche, un sourd grondement d'échappement attire mon attention. Un phare de moto remonte la longue file de véhicules dans laquelle nous sommes englués. Je me déporte sur la droite avec un coup de clignotant et la Suzuki me passe avec un signe de remerciement. Je surveille Dédé qui, à mon grand étonnement ne bouge pas quand, tout à coup, je perçois un nouveau phare qui me remonte à gauche. Je suis affligé de m'être laissé surprendre par cette seconde moto qui amorce un dépassement et découvre qu'en fait ce n'est que Dédé qui part en chasse, fidèle à lui même ! ! ! Je double plus calmement les voitures (et une moto immatriculée dans le 68 qui restait bien à gauche) pour retrouver mes deux protagonistes, le sieur André et une jeune femme tout de cuir vêtue, en pleine discussion à La Grave. Je ne m'arrête pas et fait signe que l'on se retrouve plus haut. Pendant notre café au Lautaret, face au somptueux glacier de la Meije nous la reverrons passer et André rigole encore de sa réaction lorsqu'elle se tourne vers sa Versys en demandant "c'est quoi ça ?". Il faut dire que si la Suzuki s'éloignait inexorablement dans les bouts droits, la Kawasaki revenait imperturbablement coller aux basques dans chaque enchaînement de virages. . .

 

Nous montons ensuite vers le col du Galibier (2645 m.) pour une pause photo et souvenir. Il y a quelques années, nous étions arrêtés à cet endroit avec une nombreuse et joyeuse troupe pour prendre le café. Deux de nos collègues avaient laissé leurs casques sur leur moto et nous avons subtilisé ces heaumes pour les mettre fictivement en vente promotionnelle à la boutique de souvenirs. Le possesseur de BMW en cause a très mal pris la chose, s'est vite défaussé du groupe et nous ne l'avons malheureusement jamais revu dans nos sorties. Histoire qui se finit tristement mais dont le déroulement initial nous fait encore bien rire une dizaine d'années plus tard.

 

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Juste en dessous du col, le bar-restaurant boutique qui fut le théâtre d'un canular plutôt mal apprécié.

 

 

 

 

 

Le Galibier, c'est aussi le souvenir cuisant d'un camping car baladeur qui m'a procuré ma plus grosse frayeur en moto il y a tout juste un an, et je surveille particulièrement les autres usagers (cf. http://div19.over-blog.com/article-3-jours-pour-4-massifs-et-ma-plus-grosse-frayeur-en-moto-42302021.html ).

 

C'est ensuite la magnifique descente sur Valloire puis le retour à une pâle civilisation industrielle en vallée de Maurienne où nous acquérons de quoi abreuver les motos tout de suite et les humains demain soir ! Nous poursuivons jusqu'à Modane où nous quittons la nationale pour rejoindre Aussois et le fort Marie-Christine.

 

Ce lieu, que nous vous recommandons chaudement à plus d'un titre, nous a été dégotté il y a une dizaine d'année par notre G. O. Dédé (G. O. pour Génial autant que Gentil Organisateur). Depuis, nous l'avons retesté à plusieurs reprises et avons toujours trouvé un immense plaisir à nous y arrêter.

En premier lieu, vous serez toujours bien reçu. Ainsi, pour cette étape, avant que nous demandions quoi que ce soit, le maître des lieux nous propose bien gentiment de rentrer les motos dans la cour. C'est déjà un signe fort. De plus, l'environnement est idyllique. Un fort chargé d'histoire dont les anciens dortoirs que nous avons connus sont maintenant transformés en chambres à 6 lits. Une table réputée pour un dîner parfait (délicieuse soupe de légumes, saucisses locales accompagnées de crozets – pâtes Savoyardes – fromage et dessert) et un agréable petit déjeuner. Le tout pour 35 €, donc un excellent rapport qualité prix. Enfin, sa situation entre les parcs Nationaux de la Vanoise, des Écrins et du Queyras, en fait une base idéale pour écumer de nombreux cols Alpins et user les flancs de pneus à satiété. Pour plus d'infos, cf. http://www.fort-mariechristine.com/index.html

 

Mercredi matin, nous reprenons notre route pour une petite étape en kilomètres, mais majeure en altitude, afin d'atteindre notre objectif, Bourg Saint Maurice. La N6 qui nous emmène à Lanslebourg est chargée ce qui nous entraîne à des séances de saute- mouton au milieu des chicanes mobiles et entre chaque virage. D'ailleurs, un duo de compères motards, tout de bleu vêtus, sont postés dans une longue courbe à grande visibilité mais garnie d'une ligne continue. Et ils arrêtent les motards civils qui ont eu l'outrecuidance de mordre cet ordre de non dépassement, même si la manœuvre est effectuée sans danger ou, comme c'est souvent le cas, favorisée (et sécurisée) par les automobilistes qui libèrent aimablement le passage. Un exemple type de "tir aux pigeons" qui m'exaspère d'autant plus que je vis une recrudescence d'anomalies de conduite (étourderies, incivilités, bêtises, . . .) engendrant un accroissement des risques routiers plus important que de tels manquement (contrôlés) à des règlements parfois bestiaux ou abscons.

 

Je profite de ce début d'ascension encore timide par une déclivité faible pour tester, par inadvertance, les capacités de mon nouveau BT23. Nous suivons une voiture qui monte très calmement et semble avoir des difficultés à négocier une épingle avec une très bonne visibilité. J'entame un dépassement dans le milieu de cette courbe prononcée et ouvre largement les gaz. L'arrière se met alors en dérive, mais de manière douce et progressive donc sans provoquer d'inquiétude majeure. Une fois l'instant de surprise passée, il ne reste plus qu'à savourer le plaisir des sensations occasionnées.

 

Nous continuons à longer l'Arc jusqu'à Bonneval pour enfin entamer la véritable grimpette. Sur notre gauche s'élève la route qui nous dévoile ses premiers lacets et va se perdre dans les replis d'un terrain particulièrement escarpé. Nous dépassons régulièrement des cyclistes que nous admirons dans leurs efforts fantastiques. Quelques uns nous repassent lors de nos arrêts et nous leur prodiguons nos humbles encouragements qui semblent toutefois les rasséréner. Ces multiples pauses nous permettent de savourer ces paysages grandioses et d'en immortaliser quelques traces avec nos appareils photos. C'est aussi l'occasion de rencontres et d'échanges rapides avec certains de nos congénères comme ces deux italiens parlant suffisamment bien notre langue pour confronter nos expériences ou impressions face au spectacle offert par les glaciers des sources de l'Arc, du Mulinet et du Grand Méant, marquant tous la frontière avec leur pays.

 

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Au dessus de Bonneval, le glacier des sources de l'Arc et la toute jeune rivière qui va arroser la vallée.

 

 

 

 

 

 

La route qui nous mène vers le col de l'Iseran est relativement bonne même si elle est rarement ouverte plus de trois mois par an, et assez étroite. Il faut donc rester particulièrement vigilant aux autres usagers, y compris les cyclistes dont plusieurs se sont retrouvés surpris de nous trouver sur leur trajectoire en sortie de courbe. Les vitesses de descente les entraînent à couper leurs virages, même si la visibilité est nulle.

 

La pause au col est épique. Nous prenons en photo un dame d'un âge certain qui vient d'arriver sur son vélo alors que nous l'avons doublée dans le dernier raidillon. Elle est peu essoufflée, mais mécontente de ce qui nous apparaît comme un exploit. "Ce n'est pas sa première ascension de l'Iseran, mais elle n'a pas amélioré son temps" ! ! ! Chapeau bas, Madame, et tous ces cyclistes de tous âges qui osez braver de tels challenges. Un motard Slovène profite de cette bonne ambiance pour se faire photographier à son tour.

 

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La chapelle du col de l'Iseran est bâtie solidement avec les ressources locales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La descente vers la vallée de l'Isère se réalise très calmement. Nous profitons pleinement de l'immensité visuelle qui nous est offerte et restons attentifs à la route. Les cyclistes ne nous surprennent plus directement maintenant, mais c'est au tour des automobilistes qui veulent les dépasser, dans n'importe qu'elles conditions. Quand ils nous découvrent en face, soit ils nous chargent (après tout, ce n'est qu'une moto, pas un trente tonne qui pourrait faire mal), soit ils serrent avec virulence le valeureux (et malheureux) cycliste, au risque de le toucher ou de le faire tomber. D'autant plus affligeant que la grande majorité de ces inconscients sont en vacances ! ! !

 

Nous traversons le domaine skiable de Val d'Isère et commençons à découvrir le lac de Chevril créé par le barrage de Tignes. Il apparaît furtivement au creux d'un V rocheux, au gré des virages empruntés. Soudain, alors que nous allons aborder la station, nous nous trouvons transposés trois années en arrière au milieu du Massif Central. Face à nous deux missiles vert apparaissent. Deux ZX10R surmontés de deux bonshommes verts . . . ce n'est pas possible, Blanco et Enrico nous pourchassent-ils jusqu'ici ? En tout état de cause, si ces deux là sont à l'image de ces deux autres, la poudre va parler et la gomme va fumer dans la montée de l'Iseran.

 

Nous pensons nous sustenter par là, mais les prix pratiqués dans cet environnement de béton ne nous motivent guère. Comme nous ne sommes pas affamés, nous décidons de poursuivre notre route tout en cherchant un établissement plus accueillant, suivant nos critères. Plus nous descendons, plus nous ressentons la chaleur. Néanmoins lorsque nous découvrons à Saint-Foy-Tarentaise plusieurs restaurants installés face à un parking sans aucune ombre, nous stoppons tout de même, sachant pertinemment que les selles seront bouillantes pour repartir. Nous commençons à comparer les offres des trois établissements et portons notre choix sur celui qui nous est vanté par un consommateur en terrasse. Le conseil s'avère judicieux et nous nous délectons de mets savoureux plaisamment servi par une sympathique femme d'origine écossaise. Ceci permet à André de débattre des meilleurs whisky pendant que je compare mes impressions du Tourist Trophy avec un voisin motard Suisse qui vient de nous rejoindre avec sa BMW GS. Daniel, dit "Léon du Jura" partage les mêmes sentiments que moi par rapport à l'île de Man, à l'ambiance autour de ces courses et au désir d'y retourner un jour. Encore des instants, trop brefs mais si étonnants et chaleureux, de partage d'expériences et d'émotions.

Restaurant "La Grange" – 04.79.06.97.30

 

L'arrivée sur Bourg Saint Maurice est difficile. Le trafic est important et la chaleur lourde. Un appel à Pascal nous confirme que nous sommes assez proches. Il nous donne des points de repère pour le rejoindre et nous attend devant son gîte. Comme le café est prêt et les bières fraîches, nous nous désaltérons avant de décharger les motos, puis accueillir notre équipe de charme, Patricia et sa sœur Cathy qui arrivent de la vallée du Rhône en camping-car. Ensuite, nous partons tous rejoindre les jeunes sur le parcours de slalom où ils finissent leurs entraînements.

 

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Nos destriers peuvent enfin souffler dans ce décor bucolique où nous sommes si bien accueillis.

 

 

 

 

 

 

Je retrouve avec plaisir l'équipe du Canoë-Kayak-Club du Lié (22). Contrairement à la dernière fois dans la région de Bourges, ils ne sont plus étonné de me voir. Ils commencent à avoir l'habitude de me retrouver dans différents coins de France ou de Navarre ! ! !

 

Comme d'habitude, la soirée est animée. L'apéritif traîne en longueur, mais nous n'arrivons pas à écorner gravement le stock de saucissons et saucisses sèches d'Ardèche et d'Auvergne. Blagues, souvenirs, chahuts émaillent la veillée qui se termine par la pâtisserie des filles et le Génépi local. Il nous faut tout de même aller nous coucher car la journée du lendemain s'annonce chargée avec les qualifications des championnat de France de kayak.

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commentaires

B
<br /> Qu'est ce que j'adore ca !!! cet été je me suis regalé avec les cols .<br /> J'ai fait la Bonnette, le restefond, la moutiere, la lombarde, le turini, le tenda....<br /> @ + Pat<br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Ah oui, Mister Pat, allier les cols à l'histoire de ton pays c'est le top n'est-ce pas ?<br /> <br /> <br /> A+<br /> <br /> <br /> <br />

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